5.0 out of 5 stars
« Bien sûr que je suis dans les ténèbres, mais je crois en la lumière »
Reviewed in France on 10 April 2016
« Knight of Cups » est un film qui sublime toute la beauté du cinéma contemplatif de Terrence Malick : une photo exceptionnelle (œuvre d'Emmanuel Lubezki), une avalanche de plans courts, voir ultra courts, des paroles majoritairement murmurées en voix-off, comme des pensées, les dialogues étant réduits au minimum, un scénario onirique et énigmatique et une musique omniprésente et magnifique au point que l'on se demande parfois si c'est elle qui illustre les images ou le contraire...
Au fil des séquences, la steadycam suit fidèlement les pas de Rick (Christian Bale), scénariste à Hollywood. Rick est comme le fils d'un roi biblique parti à la recherche d'une perle fabuleuse, qui, parvenu dans une contrée lointaine, se voit offrir une boisson qui lui fait oublier qu'il est le fils d'un prince. Il déambule dans ses souvenirs, auprès des femmes qu'il a aimé, de multiples manières : « Où étais-je en ce temps-là ? Un somnambule. Amoureux du monde, amoureux de l'amour ». Le film est découpé en chapitres, dont les titres reprennent les noms des cartes de tarots (la Lune, l'Etoile, l'Hermite, la Tour, la Mort, la Liberté) du jeu que Rick se fait tirer chez une cartomancienne. Los Angeles, est également la figure centrale de « Knight of Cups » : l'appartement de Rick, les plages de Santa Monica ou de Marina Del Rey, les studios de la Warner, le Jardin Japonais ou les tours de Downtown. L'histoire ne s'autorise qu'une brève escapade à Las Vegas. Les piscines et la mer dans lesquelles les personnages entre le plus souvent habillés, viennent enfin rappeler sans cesse la recherche de la fameuse perle.
Reste les femmes autour desquelles Rick cherche l'amour et la beauté du monde, en spectateur de sa propre existence. Dans un monde hollywoodien artificiel et factice, propice à toutes les perditions, Imogen Poots, Cate Blanchett, Teresa Palmer, Isabel Lucas ou Natalie Portman apparaissent comme des îles ou des refuges pour Rick qui ne semble pas s'être remis, pas plus que son frère et de son père, de la mort de son autre frère. « Bien sûr que je suis dans les ténèbres, mais je crois en la lumière » affirme une des personnes rencontrées par Rick à Vegas. C'est bien la le sens onirique de ce scénario qui n'en n'est pas un, même s'il est totalement et écrit avec minutie, dans tous ses détails, par un Terrence Malick des grands jours.
Toujours aussi mystérieux, Malick réussi une nouvelle fois un grand film qui parvient à atteindre le plus profond de l'âme par des images, des sons et des mots qui se diffusent par petites touches, comme dans un rêve, avant de livrer leur sens.
A noter, la présence dans le coffret de l'édition limitée d'un magnifique et précieux livret de 40 pages en couleurs consacré au film.
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